Monsieur Tidiane Ouattara n’est plus en droit de se prévaloir du titre de maire de Satama Sokoura, une commune du département de Dabakala.
L’information est tombée depuis 48h comme un coup de massue le 4 février. Tidiane Ouattara, un maire issu du parti au pouvoir, le Rassemblement des Houphouetistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), a été suspendu de cette fonction par le ministère de l’Intérieur et de la sécurité.
« Monsieur Ouattara Tidiane est suspendu de sa fonction de maire de la commune de Satama Sokoura pour une durée de trois mois renouvelables une fois », a-ton appris vendredi dans cet arrêté qui précise par ailleurs les sanctions.
Les collaborateurs du désormais ancien maire de Satama Sokoura dénonçaient la mauvaise gestion de leur premier responsable. Ce mauvais management est d’ailleurs à l’origine d’une grave crise interne qui a brouillé les relations entre les agents de la municipalité.
Monsieur Tidiane Ouattara étant tombé sous le coup de la loi suite à la violation des dispositions des articles 26 et 27 de la loi numéro 2012-1128 du 13 décembre 2012 portant organisation des collectivités territoriales, il a été remplacé par son premier adjoint au maire, Monsieur Ouattara Lamine.
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Faut-il croire qu’après les entreprises publiques, les audits vont s’étendre aux collectivités décentralisées ? Ce qui est certain, le ‘’renvoi’’ d’un maire pour mauvaise gestion par le ministère de l’intérieur fait grand bruit dans la sphère politique ivoirienne. D’autant plus qu’il intervient dans un contexte où le Président Alassane Ouattara a lancé une série d’audits visant les entreprises publiques qui ont « révélés des irrégularités importantes ».
Selon le site d’information Africa Intelligence, des barons du RHDP sont directement impliqués dans ces rapports concernant six entreprises parapubliques, suscitant un malaise de l’exécutif. Les rapports pointeraient notamment les mauvaises gestions du port de San-Pedro, de Fraternité Matin, ou de la Société des palaces de Cocody.
Ces audits ont été lancés par le gouvernement de Côte d’Ivoire à la suite du scandale financier de l’Agence de gestion foncière. Son directeur, encore dans l’attente d’un procès, est accusé d’avoir détourné et blanchi près d’un milliard de francs CFA. Dans les semaines qui ont suivi, cinq directeurs d’établissements publics nationaux ont été suspendus de leur fonction, dans l’attente des résultats des audits.
Lanciné Diaby, directeur général du Fonds d’entretien routier (FER) – et par ailleurs député-maire de Samatiguila dans le district du Denguele, la région natale de Nabintou Cissé, la mère du chef de l’État –, a été relevé de ses fonctions le 11 novembre. Le lendemain, c’était au tour de Euloge Soro-Kipeya, le patron de la stratégique Agence nationale du service universel des télécommunications (ANSUT), d’être suspendu. Il est pourtant originaire de la région du Tchologo, présidée par Téné Birahima Ouattara, frère cadet du président et ministre de la Défense.
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Alassane Ouattara a lancé une vaste opération mains propres, qui a abouti à la suspension de plusieurs directeurs généraux suspectés de mauvaise gouvernance. Les audits continuent au sein des entreprises publiques et des conseils d’administration extraordinaires sont prévus dans plusieurs entités publiques en vue de la nomination des nouveaux patrons.
Ces changements étaient attendus depuis de longues années, alors que plusieurs partenaires économiques et financiers de la Côte d’ivoire s’étaient émus des risques ou faits de gabegie voire, de détournements dans les administrations publiques.
Depuis quelques mois, Alassane Ouattara subit en effet une double pression, à la fois de la France et des États-Unis, lesquels ont engagé d’importants financements dans de nombreux projets pilotés par les entreprises publiques. Les partenaires de la Côte d’Ivoire recommandaient que soit exercée une plus grande transparence et que la lutte contre la mauvaise gouvernance s’accentue.
Alassane Ouattara souhaite aussi remanier le gouvernement. S’il temporise, le chef de l’État ivoirien n’a pas abandonné ses projets initialement prévus pour la mi-janvier.
Mi-décembre, Alassane Ouattara (ADO) avait informé ses ministres de son intention de se séparer de certains d’entre eux. Il souhaitait en effet resserrer l’équipe gouvernementale, jugée pléthorique, autour d’une trentaine de membres contre 41 actuellement. Mais le chef de l’État n’a pas encore procédé à ces changements, envisagés pour ce mois de janvier. Et il a par ailleurs mis en stand-by son voyage privé dans sa résidence de vacances de Mougins, dans le sud de la France.
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Selon nos informations, l’agenda présidentiel a été amendé en raison de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) qui se tient au Cameroun du 9 janvier au 6 février et dans laquelle l’équipe nationale, les Éléphants de Côte d’Ivoire, sont engagés. Paulin Danho, le ministre de la Promotion des sports y conduit une importante délégation. ADO préfère attendre la fin de la compétition, très suivie à Abidjan.