Laurent Gbagbo à Mama: “J’étais à la Haye. Je n’ai pas vu le temps passer” | IVOIRE TV5
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Laurent Gbagbo à Mama: “J’étais à la Haye. Je n’ai pas vu le temps passer”

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J’étais à la Haye. Je n’ai pas vu le temps passer. Les gens me voyaient faire ma marche dans la cour, manger comme dix, et je me suis fait des amis. J’ai trouvé Jean-Pierre Bemba (ancien vice-président de la RDC) ; j’ai trouvé Charles Taylor (ancien Président libérien).
Quelques temps après mon arrivée, Taylor a reçu une condamnation ferme, et il a été conduit dans une autre prison. Durant ma détention, presqu’un an à Korhogo, et sept ans à la Haye, je n’ai pas vu trop le temps passer. Les ivoiriens et les Africains d’Europe m’ont vraiment adopté. Tous les jours, j’étais occupé à recevoir.
Ma petite femme, elle n’est pas ici, Nady, il faut la remercier.
Quand on est en palabre avec une femme, on dit tout le mal d’elle. Quand elle a fait du bien, il faut aussi le reconnaitre (…). Elle a quitté Accra (capitale du Ghana) où elle était en exil pour demander l’asile au Pays-Bas pour être à côté de moi. Elle venait me voir tous les jours. Les Pays-Bas ne lui ont pas accordé l’asile. C’est la Belgique qui lui a accordé l’asile. Le trajet de Bruxelles à la Haye fait 200 km.
En aller-retour, ça fait 400 km. Donc, elle a bloqué trois jours, mardi, jeudi et samedi pour être à mes côtés. Elle parcourait 400km en voiture, principalement pour moi, pour ne pas que je sois seul. Elle me nourrissait. J’étais dans des conditions difficiles parce que je n’avais pas d’argent en prison. C’est elle qui me donnait chaque mois de l’argent. Parce qu’en prison, la nourriture n’est jamais bonne (rires dans la foule). Même si c’est une prison de Blanc. On se cotisait à trois pour nourrir la dizaine de prisonniers qui étaient avec nous. Il y avait Taylor, Bemba et moi.
Quand Taylor est parti, il restait Bemba. Après on a libéré Bemba, je me suis retrouvé seul à cotiser (rires dans la foule). C’était l’argent de Nady. Il faut la remercier parce qu’elle m’aidait à nourrir tous les africains qui étaient en prison avec moi (…).
C’est comme ça que j’ai vécu pendant huit ans. Puis, un jour le procès a commencé. Au début, j’avais un peu peur. Je me demandais si mes gens n’ont pas commis des crimes qu’ils m’ont cachés. Je n’avais pas de fusil, si on m’a arrêté, c’est parce qu’il y avait les FDS.
Quand Bensouda (le procureur de la CPI) a donné les raisons de ma présence à la CPI, j’ai commencé à rire (rires dans la foule). J’ai dit à mon avocat principal, Me Altit, que le dossier est vide et qu’il pouvait me défendre.
Durant les audiences, il y a des témoins qui ignoraient jusque le nom de leur village. Il y en a qui ne me connaissaient même pas. D’autres voulaient même me saluer.
On s’est amusés comme ça, sauf qu’on était en prison. Ce n’était pas sérieux ! Il fallait écarter un concurrent gênant et on m’a transféré à la Haye. Je ne le regrette pas. Si j’étais revenu avec un titre de criminel, c’est vous qui alliez avoir honte. Or, même les blancs qui ne connaissent pas nos problèmes internes ont su que je ne suis pas un criminel (applaudissements nourris). On peut m’accuser de beaucoup de choses, mais je ne suis pas un criminel (fou rire dans la salle).
En novembre 2018, le procureur annonce des témoins. 82 sont passés. Le juge demande au procureur s’il y a encore des témoins. Le Bureau du procureur répond par la négative en déclarant que les autres témoins refusent de venir. C’est ainsi que les trois juges ont appelé nos avocats pour leur demander de plaider.
Pour moi, les témoins nous ont déjà blanchis. Nos avocats ont plaidé. Après les congés de Noel, à la reprise des audiences, le 15 janvier 2019, le juge principal, Cuno Tarfusser, a indiqué que l’accusation n’a pas été seulement faible, mais qu’elle a été extrêmement faible. Son collègue de la Jamaïque et lui ont décidé de nous acquitter. Le procureur demande à faire appel. Mon avocat me demande la conduite à tenir.
Je lui réponds que l’essentiel est fait et que je suis acquitté. En février 2019, on nous a fait sortir. J’ai fait venir Nady, elle est venue me chercher et je suis allé à Bruxelles. C’est là-bas que Guikahué et l’équipe dirigeante du PDCI sont venus me rencontrer au nom du Président Bédié. Après, vous le savez, j’ai reçu Bédié lui-même à Bruxelles.
Un jour, un agent d’un ministère en Belgique me fait parvenir un mot me reprochant de faire de la politique parce que j’ai reçu le président Bédié. Alors je lui demande la conduite à tenir. Il me répond que c’est une simple remarque. J’ai dit : « je suis ici à cause de la politique, c’est la politique qui me fera sortir d’ici. Je fais la politique toujours. »
Je suis donc revenu. J’ai été très heureux de ce que le frère Guikahué ait joué un rôle important dans le rapprochement entre nos deux partis. Voilà son frère et ami Assoa adou ici. Ils sont face à face.
Ce sont les deux sorciers, ce sont eux qui discutent toujours la nuit (rires dans la foule).
Les parents, je suis là. Les Chefs, je vous salue. Bertin, c’est mon parent. Son père qui s’appelait Jobert Kouassi était un grand planteur dans le temps.
Et lui, je n’ai pas l’habitude de l’appeler mon cousin et mon grand frère, je l’appelle « président » parce qu’à Abidjan, on avait une association des cadres de Mama et, c’était lui notre président.
Je remercie tous les Chefs. Je les remercie pour l’amour fraternel qu’ils m’ont porté aujourd’hui.
Je remercie les cadres parce que dans un département ou dans une région, quand il y a les palabres, ça commence par les cadres.
Ce sont eux qui se battent toujours. Nous, nous sommes des cadres orphelins, on n’a pas à se battre. Si quelqu’un est dans un puits, pour sortir du puits, ne le tirons pas pour le faire tomber. Poussons-le plutôt pour qu’il sorte. Comme ça s’il sort, il peut peut-être nous aider en nous envoyant une corde pour nous tirer.
Ne jetons pas l’anathème les uns sur les autres. Guikahué , il est du PDCI et puis ça fait quoi ? (Rires dans la foule), ça ne fait rien. Lokrou vincent qui est mon petit frère, il est PDCI, il a été ministre de Houphouët, mais ça fait quoi ? Parce que si on doit être tous d’accord toujours, il n’y a plus de démocratie.
C’est parce qu’on n’est pas d’accord qu’il ya démocratie. Là on organise les discussions. Donc moi je m’entends bien avec eux.
Djédjé Bagnon, est ce qu’il est là ? c’est lui qui m’a donné d’ailleurs mon premier salaire. Quand j’étais étudiant, il avait son collège privé à Divo, il est venu, je suis allé enseigner là-bas un mois-deux mois, j’avais la joie d’avoir un salaire parce qu’auparavant j’avais des bourses, mais là j’avais un salaire que j’avais mérité.
Donc je vous salue. La nuit tombe, la nuit tombe, je vais libérer la route aussi, je ne vais pas trop vous retenir. Mais je suis fier de voir cet apatam rempli débordant. Je suis fier, parce que je ne croyais pas que cet apatam là pouvait être un jour rempli. Et je suis fier de le voir rempli et débordant.
Tous les Chefs, je salue tous les habitants de vos villages, je demande à DIEU de vous bénir, de bénir toutes vos populations, je demande à DIEU de bénir toutes vos femmes, vos jeunes. (Bénédictions et Salutations en béthé pour terminer)
GBAGBO LAURENT
Source : Front Populaire Ivoirien – Gbagbo

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