Le 11 avril 2011 , une date gravée dans l’histoire de la Côte d’Ivoire, demeure aussi un jour marqué par des souvenirs douloureux pour Simone Gbagbo. Alors Première Dame, elle a vécu des moments d’une rare intensité lors de son arrestation. Dans une interview accordée à Maxi Domingo , elle revient sur cet épisode particulièrement éprouvant, révélant un instant de solidarité inattendu au cœur du chaos.
Le jour où son époux, Laurent Gbagbo, est arrêté et emmené à l’Hôtel du Golf, Simone Gbagbo est contrainte de le suivre. Mais avant de monter dans le véhicule stationné devant la résidence de l’ambassadeur de France, elle doit traverser une cour bondée de membres des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire ( FRCI ), armés et surexcités.
« Le nombre de coups que j’ai reçus sur la tête, le cou, le visage… À plusieurs reprises, je suis tombée. C’était un calvaire. »
Malgré les violences, elle avance, titube, et s’effondre sous les coups. C’est à ce moment qu’un jeune FRCI, témoin de sa détresse, décide de l’aider, la soutenant tout au long du chemin.
« Si tu ne te lèves pas, tu vas mourir sous les coups »
Cet homme, dont le visage reste anonyme, incarne une lueur d’humanité dans cette scène chaotique. Il s’adresse à Simone Gbagbo : « Maman, si tu ne te lèves pas, tu vas mourir sous les coups. »
Elle lui répond avec une sincérité désarmante : « Mon fils, je ne peux pas me relever seule. Si tu ne m’aides pas, je ne suis pas capable de le faire. »
Avec son aide, malgré les chutes répétées, elle parvient finalement jusqu’au véhicule. Mais ce soutien inattendu ne s’est pas fait sans une contrepartie. Une fois à l’abri, l’homme lui demande : « Maman, je t’ai aidée, maintenant il faut me payer. »
Les bijoux comme ultime gratitude
Dans cet instant d’extrême vulnérabilité, Simone Gbagbo n’a que ses bijoux comme monnaie d’échange. « Je lui ai dit : ‘Mon fils, je n’ai rien en main. Mais tu as raison, toi au moins, tu mérites cela.' »
Elle lui remet alors son bracelet, sa montre, ses boucles d’oreilles et la chaîne qu’elle porte au cou. Une manière pour elle de remercier cet homme qui, malgré son rôle dans ce contexte hostile, a choisi de l’aider.
« Dieu nous a protégés »
Aujourd’hui encore, Simone Gbagbo considère cet épisode comme une preuve de la protection divine. « On aurait tous pu mourir là. Dieu nous a protégés. »
Malgré les blessures physiques et émotionnelles, elle affirme que ces instants d’horreur ont renforcé sa foi et sa résilience.