Mamadou Traoré : « Les conditions sont réunies pour que Ouattara et Soro se parlent » | IVOIRE TV5
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Mamadou Traoré : « Les conditions sont réunies pour que Ouattara et Soro se parlent »

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Dans cet entretien accordé à Générations Nouvelles, El hadj Mamadou Traoré, cadre de Générations et peuples solidaires, tout en saluant la grâce présidentielle décrétée jeudi dernier par Alassane Ouattara, estime que les voyants sont désormais au vert et le temps favorable à des discussions directes entre l’ancien président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, et le chef de l’Etat, afin d’aplanir leurs divergences.

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Ce jeudi 22 février, le chef de l’Etat, presqu’à la surprise générale, a gracié plusieurs personnes parmi lesquels figurent une bonne poignée de proches de Guillaume Soro. A GPS, comment réagissez-vous à ces remises en liberté, particulièrement de Soul To Soul, et des militaires qui assuraient la sécurité de votre mentor ? On imagine que vous soulagés…

Il faut avouer que ce geste de Ouattara, que j’ai baptisé pour la circonstance « l’ange de l’apaisement » à l’endroit des proches de Guillaume Soro, dont Soul To Soul, est un grand soulagement pour moi. Nous ne nous y attendions pas. C’est ce qui nous permet d’avoir en nous une grande joie. Je voudrais profiter de cette occasion pour le remercier pour cette grâce qu’il a faite à l’endroit de mon compagnon de lutte, Soul To Soul, et à l’endroit des militaires qui assuraient la sécurité de Guillaume Soro. Que Dieu le récompense pour ce geste.

Pourquoi votre mentor, Guillaume Soro ne figure pas sur cette liste de personnes graciées ?

Je n’ai aucune explication objective liée à cela. Je pense que Ouattara prévoit pour lui une mesure plus forte suite à un dialogue qu’il va engager avec lui. J’avoue que son absence sur cette liste de personnes graciées ne m’ébranle aucunement, parce que quelque chose me dit que derrière cette grâce faite à ses hommes, il y a de bonnes perspectives en ce qui concerne leurs relations futures.

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Selon vous, pourquoi ni Kader Doumbia, qui est encore écroué à la Maca, ni Sess Soukou Mohamed dit Ben Souk, ni Dramane Ba…, ne figurent sur cette liste de personnes graciées ce jeudi 22 février ? S’agirait-il d’une première liste qui devrait en appeler d’autres dans les jours qui suivent ?

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Je pense que c’est une omission qui fait qu’ils ne figurent pas sur cette liste de graciés. Avec la réaction des avocats, je suis convaincu qu’une liste additive verra le jour où leur nom figurera. Il n’y a vraiment aucune raison objective qui justifie qu’ils ne soient pas sur la liste des graciés condamnés ou poursuivis pour des faits de tentative de coup d’Etat.

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Comprenez-vous certains, notamment des Soroïstes, qui pensent que tout le mérite de cette libération revient aux détenus qui ont tenu bon et à votre leader qui, au-delà du soutien qu’il a toujours manifesté à ses proches, a toujours appelé à leur libération, et moins au chef de l’Etat qui les a fait enfermer pour faire pression sur Guillaume Soro ?

En toute sincérité, je pense que le mérite de cette libération revient à Ouattara. A lui et surtout aux Eléphants qui nous ont offert la coupe d’Afrique. C’est fort du contexte de la joie que les Eléphants ont procuré aux Ivoiriens que Ouattara a pris cette mesure de grâce en faveur des prisonniers politiques. C’est vrai que mon leader, Guillaume Soro, et presque tous les Ivoiriens ont demandé, depuis plusieurs années, la libération des prisonniers politiques. Toutefois, je pense que s’il n’y avait pas eu cette opportunité de la victoire des Eléphants, le processus de la libération des prisonniers politiques allait traîner. À César ce qui est à César, dit-on. Le mérite de cette libération revient en premier lieu à Ouattara qui a bien voulu prendre une mesure de grâce, sans aucune contrainte. Je pense qu’il faut le reconnaître au-delà de l’adversité politique qui nous oppose.

Avec cette mesure, est-ce à dire que les collaborateurs et compagnons de Guillaume Soro qui ont, comme lui, pris le chemin de l’exil le 23 décembre 2019, peuvent désormais rentrer tranquillement au pays ?

Je pense qu’il n’y a aucune raison qui les empêche de rentrer au pays. Pour moi et selon la loi, ils peuvent rentrer, en toute sécurité, au pays.

Ce geste d’Alassane Ouattara, est-il les prémices des pourparlers qui auraient, selon des médias ivoiriens, débuté entre le camp présidentiel et l’ancien président de l’Assemblée nationale ?

Je pense sincèrement que ce geste d’Alassane Ouattara est, en effet, les prémices de pourparlers entre mon leader, Guillaume Soro et lui. Les conditions sont en effet réunies pour qu’ils se parlent. Et je peux vous garantir que mon leader n’a jamais été opposé à des pourparlers avec lui. A ma connaissance, il n’avait pas été approché pour des pourparlers avant cette mesure de grâce. Je souhaite que le pouvoir saisisse cette occasion pour entamer avec lui des pourparlers afin de décrisper l’atmosphère politique.

Guillaume Soro étant toujours en exil, si discussions il doit y avoir, comment cela pourrait-il se passer ?

Mon leader, Guillaume Soro, étant dorénavant dans l’espace AES (Alliance des Etat du Sahel, qui regroupe le Burkina Faso, le Mali et le Niger, ndlr) depuis sa dernière apparition à Ouagadougou, je pense que le pouvoir pourrait entrer en contact avec le Président du Togo afin qu’il soit celui par qui les discussions entre lui et Ouattara se fassent. Je rappelle que le Président du Togo est devenu, de fait, le médiateur des pays de l’AES avec les chefs d’Etat de la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, ndlr). Il a joué un rôle important dans la libération des 49 soldats ivoiriens au Mali. Il vient de jouer un rôle important dans la levée des sanctions de la Cedeao contre le Niger. Je pense qu’il jouera un rôle de grande envergure dans la décrispation des relations tendues entre mon leader, Guillaume Soro, et Ouattara.

Où se trouve aujourd’hui votre leader à nouveau ‘’tombé en brousse’’, depuis qu’il est réapparu en novembre 2023 au Niger puis au Burkina Faso ?

Mon leader se trouve, selon lui, à Bamouania, la capitale fictive de l’AES, qu’il a créé à travers une publication. Il se trouve donc au sein de l’AES. Pour une question de sécurité, il ne peut révéler l’endroit exact où il se trouve. Et c’est mieux ainsi. Il n’est plus en exil en Europe et en Asie.

Avec ce qui est arrivé par exemple à Prigojine en Russie, pensez-vous que votre leader aurait le courage de rentrer, même si Alassane Ouattara prenait une loi d’amnistie ?

J’avoue que beaucoup de personnes, parmi nous, ne souhaitent pas que mon leader rentre au pays, même si une loi d’amnistie était prise en sa faveur car, ils n’ont pas confiance en la sincérité de Ouattara vis-à-vis de lui. Leur doute est légitime surtout que plus d’une fois, mon leader, Guillaume Soro, a fait cas des nombreuses promesses que lui a faite Ouattara et qu’il n’aurait pas respectées. Qu’est-ce qui garantit qu’une fois au pays, on ne lui ferait pas un coup tordu pour attenter à sa vie comme ce fut le cas avec Prigojine ? Se disent beaucoup de ses militants. Je pense que c’est à mon leader, Guillaume Soro, de s’entourer, pendant les discussions, de toutes les garanties de sécurité. Je souhaite qu’il se fie à son flair pour rentrer au pays. Quelque chose me dit que Ouattara est dans de bonnes dispositions d’esprit pour faire une paix sincère avec lui. Mais ce sera à mon leader d’apprécier l’opportunité de rentrer ou non après une loi d’amnistie. C’est à ce niveau qu’on ressent la solitude du chef où c’est lui et lui seul qui doit décider. Le courage de rentrer ? Mon leader l’a. Voici pourquoi, malgré les menaces de son arrestation, le 23 décembre 2019, il a voulu rentrer au pays. C’est le pouvoir qui l’en a empêché. Je pense que si on lui en donne toutes les garanties, mon leader rentrera dans son pays.

En attendant cette éventualité, militez-vous aussi pour la prise d’une loi d’amnistie pour passer totalement l’éponge sur les condamnations de ces personnalités politiques et militaires ?

Bien évidemment ! La loi d’amnistie est ce que tous les politiques et même la population souhaitent. Et je souhaite vivement que Ouattara aille dans ce sens pour permettre à Laurent Gbagbo, Guillaume Soro et Blé Goudé, par exemple, d’être sur la liste électorale.

En réalité, cette mesure d’Alassane Ouattara, ne vise-t-elle pas à mieux faire accepter à l’opinion sa candidature en vue d’un quatrième mandat ?

La candidature de Ouattara en 2025 ? Ce n’est pas ce que tous les ivoiriens lucides souhaitent. Je milite vivement que Ouattara n’entame pas un quatrième mandat anticonstitutionnel. Cela va détruire tous les efforts qu’il est en train de fournir pour recoller les morceaux. Je lui souhaite une fin de carrière honorable à la tête du pays. Cela ne peut passer que par son retrait de la course électorale de 2025. Qu’il ne fasse pas comme Macky Sall, le Président du Sénégal qui vient de jeter à l’eau, par sa décision de report de l’élection présidentielle, tout ce qu’il a fait pour le Sénégal. Aujourd’hui, ce que les gens retiennent de lui, c’est qu’il est un putschiste constitutionnel. Je ne veux pas cette fin de carrière pour Alassane Ouattara. Il sortira grandi s’il permet une passation de charges avec le vainqueur de l’élection présidentielle de 2025. Une élection où il ne serait pas candidat. Ce serait un acte historique, jamais réalisé en Côte d’Ivoire. Et par ce fait, il rentrera d’une manière positive dans l’histoire. C’est le plus grand malheur que je lui souhaite. Je pense que cette mesure de grâce présidentielle est un processus qu’il est en train d’entamer pour mettre derrière nous toutes les crises que nous avons connues.

La redynamisation de GPS et la remobilisation des militants entamées il y a deux ans ne sont-elles pas un échec patent au regard de l’immobilisme dans lequel baigne le mouvement, surtout depuis la brève interpellation de Kouablan Messou et Sié Coulibaly en novembre 2023 ? La grâce accordée à Soul To Soul et aux autres proches, civils de Guillaume Soro, pourrait-elle aider le mouvement soroïste à reprendre du poil de la bête ?

Comment peut-on demander à un mouvement politique, dont le leader est en exil, dont presque la direction était en prison et qui subit les harcèlements de la justice à travers une décision de dissolution, de fonctionner comme un parti politique normal ? On nous a mis dans une clandestinité de fait et on veut que nous fonctionnions comme si de rien n’était. Je pense que c’est trop nous demander. Cet immobilisme dans lequel nous baignons est du fait, non pas de la mobilisation des militants de GPS, mais du harcèlement politique que nous subissons. Si on nous laissait fonctionner normalement et qu’on constatait cet immobilisme, je parlerai alors d’échec. Pour le moment, je ne parlerai pas d’échec. Je parlerai plutôt de repli stratégique. Je pense que la grâce accordée à Soul To Soul, le viceprésident de GPS, pourrait aider à donner un souffle nouveau au mouvement même si nous n’investissons pas le terrain comme un mouvement politique normal. Je rappelle que GPS est devenu de fait un mouvement politique clandestin par la volonté de ses adversaires du Rhdp au pouvoir.

Pourquoi votre mouvement qui se veut le creuset de la solidarité entre les peuples, n’a-t-il pas compati à la situation difficile vécue par les populations victimes de déguerpissements, avant et après la CAN ?

Compte tenu de la situation de clandestinité de notre mouvement, il n’est pas facile pour nous de nous prononcer sur la vie politique et sociale du pays. Les partis politiques qui le font, ne sont pas harcelés comme nous. C’est ce qui justifie, en grande partie, notre silence face à ces situations de déguerpissement des populations. Ce qui nous préoccupe en ce moment, c’est le retour de notre leader au pays, la réhabilitation de GPS. Cela fait, nous serons dans de bonnes dispositions pour nous prononcer sur tous les sujets relatifs à la vie de la nation.

Qu’est-ce qui explique, personnellement, votre posture qui consiste, à agacer des militants du Rhdp sur les réseaux sociaux, au lieu d’aller occuper le terrain ?

Pour occuper le terrain, il faut être dans les postures légales pour le faire. Pour le moment, nous ne pouvons le faire à coup médiatique afin d’éviter d’être la cible du pouvoir. Nous sommes obligés, dans notre situation de clandestinité, de faire du porte-à-porte sans communiquer là-dessus. Pour meubler mon temps, j’ai trouvé une formule pour titiller mes adversaires politiques : c’est de produire au quotidien des posts afin de dénoncer leur gouvernance et de les mettre souvent en rogne. La grande satisfaction que je tire à travers mes publications, c’est le fait qu’ils sont des outils de formation politique pour les cadres et militants de GPS qui me le font savoir. À travers mes posts, j’atteins des cibles que je n’aurais pas atteint en étant sur le terrain. Mes posts atteignent au minimum 3000 amis sur Facebook. Sinon, ils atteignent entre 3000 et des millions d’abonnés. C’est une grande satisfaction pour moi. Pour ceux qui me connaissent, je suis un homme de terrain. C’est à travers le terrain que mon leader, Guillaume Soro, et moi nous nous sommes connus. Si vous parcourez mes archives, vous verrez beaucoup de traces de moi sur le terrain. C’est en étant sur le terrain en mars 2019, par exemple, que j’ai été convoqué à la police pour être entendu. C’est la situation de clandestinité de fait de GPS qui me contraint à être moins actif sur le terrain.

Quel regard portez-vous que la situation politique au Sénégal, notamment la mobilisation de la classe politique et de la société civile qui, semblent sur le point de faire plier l’échine à Macky Sall ?

La situation au Sénégal est la preuve que quand le peuple est mobilisé, il peut faire plier tout dictateur. Je pense que la situation au Sénégal devrait permettre à Ouattara de se rendre compte que ce serait une mauvaise posture pour lui de s’engager pour un quatrième mandat. Aujourd’hui, l’Afrique francophone rejette les troisièmes mandats. C’est pourquoi Macky Sall a publiquement renoncé à ce projet.

Patrice Talon, le Président du Bénin y a renoncé également. C’est un message qu’ils font passer à Alassane Ouattara concernant un éventuel quatrième mandat qu’il pourrait envisager. La situation au Sénégal devrait servir de leçon à Ouattara concernant une éventuelle volonté d’un quatrième mandat. Je lui demande de ne pas écouter ses lieutenants qui lui conseillent de faire un quatrième mandat. Ils seront les premiers, un jour, à dire qu’ils lui ont donné des conseils qu’il n’a pas écouté.

Générations Nouvelles

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Jean Camille H.

Je suis rédacteur, passionné de lecture et de découverte. Retrouvez mes articles sur IVOIRE TV5.

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